Cet ouvrage rassemble de nombreux témoignages enregistrés au cours de mes recherches.

Il fait suite au même ouvrage publié pour les témoignages des femmes en 2019.

 

Dans le tome 2, j’ai rassemblé plus de 120 témoignages. Il va de soit qu’ils ne concernent pas que les hommes, car encore une fois, les mères de famille, les épouses, les sœurs ou les « copines » ont toujours été très présentes.  Pour plus de commodité, j’ai réalisé un travail avec la chronologie classique de ce conflit, pour notre département et on retrouvera les grandes périodes, la guerre 1939-1940, la période de la zone sud, l’occupation italienne, l’occupation allemande, la libération, et l’après guerre. Vous trouverez en fin de ce volumineux ouvrage tous les noms et mes chaleureux remerciements.

 

 

Il s’agit pour moi de publier sous cette forme un certain nombre de témoignages sur la Seconde guerre mondiale, témoignages qui nous paraissent être intéressants car révélateurs tout à la fois des situations vécues par des personnes souvent très modestes, mais aussi des mentalités nées de cette période si difficile, voire imprévisible. C’est également l’occasion de donner la parole aux obscures et aux sans grade qui vécurent la triste réalité et qui, à quelque part, la façonnèrent toute en la subissant parfois. Certains avaient décidé de participer activement dans un camp ou dans l’autre et de faire l’histoire ; d’autres ont attendu la fin des événements.

 

Certains diront qu’il s’agit de la petite Histoire. Je leur répondrai simplement qu’il n’y a pas de petite ou de grande Histoire. Il y a l’Histoire, tout simplement. Chaque citoyen de ce temps-là a participé à sa façon et a vécu, souvent comme il a pu, ces temps difficiles. C’est leur histoire que l’on découvre au fil de ces pages quelque peu oubliées.

 

Tout d’abord, il y eut la guerre, de septembre 1939 à juin 1940. Durant ces 9 mois de guerre, il fallut faire sans les centaines de milliers de jeunes partis sous les drapeaux défendre la mère patrie : Rappelés au sein des 27è et 67è B.C.A., mais aussi dans de nombreuses autres unités. Il fallut tenter de les remplacer, quand cela fut possible et espérer qu’ils reviendraient bien vite. Il fallut faire avec les multiples contraintes, mises en place par la Défense passive, couvre-feu et autres interdiction de circuler. Il fallut faire avec les restrictions qui, bien vite, ne furent pas qu’alimentaires. « À la guerre, comme à la guerre », disaient les plus optimistes. Et il en fallait de l’optimisme pour tenter de submerger le pessimisme ambiant. En juin 1940, la France a perdu la bataille, « pas la guerre », clamait de Gaulle. Pétain lui prenait le gouvernail de la France et mon pays entra dans une période folle.

 

Des milliers de soldats furent fait prisonniers, certains réussirent à s’enfuir, d’autres passèrent de longues années dans les Stalags : nous essayerons de les faire revivre, car il faut bien le dire, ils ont été un peu oubliés.

 

 

 

De l’Armistice de juin 1940 au 22 novembre 1942, la France coupée en deux vit des situations bien différentes. Pour nous, c’est la zone sud, dite libre d’occupation, ce qui n’est pas tout à fait vrai. C’est la mise en place de « Travail, Famille, Patrie ». D’une France pétainiste, certains vont tenter d’en faire une France « Kollaboratrice ». Chez nous, comme dans tout le pays, on suit le maréchal et on trouve à cela 5 bonnes raisons : il a mis fin à la guerre, il est auréolé de la gloire de 14-18,  il a pris légalement le pouvoir et ici on est très légitimiste,  il gardera la Savoie à la France contre Mussolini et enfin, comme le dit monsieur le curé, il est un rempart contre le bolchevisme.  Mais ici, une majorité refuse la « Kollaboration ».

 

Le printemps 1942 marque une rupture avec Vichy que l’on voit nettement à travers l’affaire de Menthon, mais aussi à travers la vie quotidienne de plus en plus dure.

 

 

 

Le débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942 entraine l’occupation de la zone sud par les armées ennemies. Conformément aux accords passés entre Hitler et Mussolini, les départements situés à l’est du Rhône, à l’exception de  l’ouest du Var et des Bouches du Rhône, sont occupés par l’armée italienne. Mais de cette période, il nous faut retenir notamment deux dates fondamentales pour notre Histoire : le 31 janvier 1943, Vichy crée la Milice française et on essayera de comprendre ce qui poussera certains jeunes à entrer dans cette force politico-policière. Et le 16 février 1943, le Gouvernement de Laval institue le STO, le service du travail obligatoire jetant des milliers de jeunes dans l’obligation de choisir : soit partir en Allemagne, soit prendre le maquis. L’un d’eux nous expliquera pourquoi il choisit d’être réfractaire.

 

 

 

Mais le pire restait à venir. Le 8 septembre 1943, l’Italie capitule devant les armées alliées et Hitler fait envahir la zone jusqu’alors occupée par l’armée italienne par sa propre armée, mais aussi pas ses S.S., sa Gestapo, ses Feldgendarmes et ses Schutzpolizei. Forces ennemies d’occupation et Forces françaises du Maintien de l’ordre vont bien s’entendre et la répression sera terrible : là les témoignages ne manquent pas…

 

Certes, il y eut les combats des Glières, mais il y eut d’autres combats, parfois moins « médiatisés » comme on pourrait dire aujourd’hui, mais tout aussi nécessaires et efficaces. Des lettres de condamnés à mort le prouvent, tout autant que des souvenirs de victimes ou des procès-verbaux des commissions d’épuration.

 

Si la Haute-Savoie est le premier département français libéré par ses propres F.F.I. le 19 août 1944, le cauchemar n’est pas clos pour autant.

 

 

 

Quant à l’après-guerre, il nous faudra bien parler de l’épuration qui s’exerça dans notre département et comprendre ses tenants et ses aboutissants. Mais aussi il faut parler du retour des prisonniers de guerre et surtout des centaines de déportés, qui eux aussi auront leurs témoignages à donner. En cette année suivant le 75é anniversaire de la chute du nazisme, nous devons faire, notamment, un très gros travail de connaissance sur les prisonniers de guerre. 

 

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